Le Paris des ethnologues. Des lieux, des hommes. Revue d'ethnologie française Tome XLII - n°3.

Anne Monjaret, dir.



Alors que l'histoire nationale est marquée par la prégnance politique et culturelle de la capitale, il a fallu attendre le développement de l'anthropologie urbaine pour que Paris devienne un terrain d'exploration pour les ethnologues. D'abord centrés sur la transformation de ses quartiers, l'installation des migrants ou les activités industrielles et artisanales, les travaux se sont ensuite orientés vers ses lieux emblématiques, hauts sites politiques, financiers ou touristiques. Paris était alors plutôt pris pour cadre que pour cible de la recherche, et l'ethnologie de Paris était principalement une ethnologie dans Paris. Ville festive, ville mythique, ville patrimoniale, c'est à ce Paris-là qu'est consacré ce numéro. L'ethnographe y passe et repasse et, à petits pas, se nourrit des micro-espaces géographiques ou sociaux qui font la capitale. Il s'intéresse aux manières d'occuper la ville, d'y vivre, comme à la façon dont les populations s'y croisent. Il traite ainsi d'un Paris incarné par des lieux souvent chargés d'histoire, mais qui sont aussi ceux de la vie ordinaire et culturelle des Parisiens ou des gens de passage. Lieux d'habitation : un immeuble haussmannien, des squats, des résidences secondaires, des ateliers-boutiques. Lieux de consommation et de distraction : un grand magasin, un bistrot, des dancings, le Moulin Rouge. Lieux de balade et de recueillement : des jardins et des squares, le cimetière du Père-Lachaise. Lieux de culture : la tour Eiffel, le Louvre et sa pyramide. Lieux de circulation enfin, avec les Halles et la gare du Nord. Tous contribuent à leur manière à la "fabrique de Paris".


Vendredi 8 Février 2013



1.Posté par Sophie HABERBÜSCH le 11/02/2013 10:01 | Alerter
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Isora
Le Pari de faire une ethnologie de Paris ? Une réussite.
L’Opus original nous offre la vision d’une ethnologie française moderne, fière de son approche. Ce Paris que l’on découvre, cette ville musée pour citer Anne Monjaret, mais cette ville habitée, est appréciée dans sa grandeur comme dans ses conditions les plus difficiles. Chaque auteur est un guide du Paris caché, dissimulé ou invisible dans le flux. Les regards s’installent autour de son patrimoine et de leurs rapports à la modernité, l’haussmannien, un symbole de la capitale, devient petit, étriqué et parfois vétuste dans notre contemporain. On y découvre les squats qui « s’achètent ». Les perspectives sont d’autant plus riches que beaucoup des auteurs-chercheurs n’habitent pas Paris, ou ponctuellement, mais la traversent.
J’ai apprécié particulièrement le souvenir des « midinettes », les « grisettes », les forces vives de l’industrie de la mode, du luxe de ce vieux Paris, pas si ancien que cela. On est surpris par les « incartades » de Marc Augé, de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, de Colette Pétonnet qui ponctuent l’ouvrage comme des fenêtres ouvertes, hors des articles de tradition. On regrette pour la Revue d’ethnologie française, que l’article de Julie Kleinman ne soit pas traduit.
Au-delà de cet opus, la rencontre avec Anne Monjaret a été fort sympathique à l’occasion de la réalisation de l’interview. La modernité et les acquis solides de l’ethnologie française sont bien marqués. Cette belle réalisation marque un renouveau dynamique pour la Société d’ethnologie française, et nous lui souhaitons bonne chance.

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