Philosophia Scientiae : Expérimentation dans les sciences de la nature/ Expérimentation dans les sciences humaines et sociales
Infos pratiques
le Dimanche 1 Avril 2018
Description
APPEL À CONTRIBUTIONS
Philosophia Scientiae lance un appel à contributions pour un numéro spécial sur le thème suivant:

Expérimentation dans les sciences de la nature/ Expérimentation dans les sciences humaines et sociales

Cahier thématique de Philosophia Scientiæ 23-2 (mai 2019)
Editeurs invités : Catherine Allamel-Raffin (Université de Strasbourg)
Stéphanie Dupouy (Université de Strasbourg)
Jean-Luc Gangloff (Université de Strasbourg)
Date limite de soumission : 1er avril 2018
Date de notification : 1er juillet 2018
Version finale : 1er novembre 2018

Sans constituer à proprement parler un point aveugle des études sur la science (philosophie, histoire et sociologie des sciences), il faut bien reconnaître que la question de l’expérimentation dans les sciences humaines et sociales n’a pas été, à ce jour, le point focal de multiples investigations entreprises par des collectifs de chercheurs.
Plus généralement, quel est, à l’heure actuelle, l’avancement des travaux en ce qui concerne la réflexion sur l’expérimentation ? La contribution des philosophes tout au long du XXe siècle a été importante : durant la première moitié de ce siècle, l’expérimentation s’est vu conférer une fonction épistémologique centrale. Elle a été conçue à la fois comme une norme de scientificité et comme un idéal méthodologique, sinon toujours atteint, du moins souhaitable. La place prépondérante accordée à l’expérimentation, ainsi qu’à l’observation, par les positivistes logiques et par Popper, dans les processus de vérification ou de corroboration-réfutation des hypothèses n’a pas incité pourtant ces philosophes à développer une réflexion approfondie sur les pratiques expérimentales effectives. Deux étapes peuvent très schématiquement être distinguées, au cours desquelles la place de l’expérimentation dans la recherche en philosophie des sciences va être redéfinie. La première a pris la forme de ce que l’on a appelé le « tournant historique », initié par l’ouvrage de Thomas S. Kuhn (Kuhn, 1962/1972) qui recommande l’abandon de la méthodologie normative au profit de l’étude des communautés de scientifiques et des paradigmes au sein desquels ceux-ci développent leurs recherches. Dans les années 1980, le « tournant pratique », auquel, dans un premier temps, Ian Hacking a largement contribué, a permis de préciser au travers de nombreuses études de cas, en quel sens on peut considérer que « l’expérience a sa vie propre » (Hacking, 1983/1989). Mais ces recherches se sont limitées pour l’instant, et sauf exception, aux sciences de la nature. Ce qu’il en est de l’expérimentation dans les sciences humaines et sociales a été jusqu’à présent, largement négligé et c’est à cet état de fait que nous souhaiterions remédier au travers de notre projet de recherche.
Le projet que nous formons pour ce dossier thématique est donc celui d’une étude comparative de l’expérimentation telle qu’elle apparaît dans les sciences de la nature et dans les sciences humaines et sociales.
Les contributions pourront plus particulièrement analyser les aspects suivants (liste non exhaustive) :
1/ Les questions relatives aux différences et points communs entre expérimentation et observation au sein des sciences de la nature et des sciences humaines et sociales.
2/ Un discours normatif peut-il émerger à l’issue de cette analyse comparative entre expérimentation dans les sciences de la nature et les sciences humaines et sociales ?
3/ Les philosophes des sciences ayant participé à ce qu’on a appelé le « tournant pratique » (Practice Turn) ont souvent recouru à des listes plus ou moins descriptives afin d’appréhender les multiples dimensions de l’expérimentation dans les sciences de la nature (Ian Hacking, Allan Franklin, Giora Hon). Serait-il pertinent de procéder de la même manière en vue de rendre compte de l’expérimentation dans les sciences humaines et sociales ? Le type de discours ainsi produit serait-il intrinsèquement descriptif ou pourrait-il conserver une vocation normative ?
L’appel à contribution n’impose aucune restriction sur les champs scientifiques étudiés : les propositions peuvent porter sur les sciences « fondamentales » (mathématiques, physique), sur les sciences du vivant (médecine et sciences naturelles), les sciences humaines et sociales (psychologie, économie, gestion, histoire, etc.)

Les manuscrits doivent:
• Être écrits en anglais, en français ou en allemand,
• Être préparés pour une évaluation anonyme,
• Contenir un résumé en français et un résumé en anglais (200-300 mots),
• La longueur des articles est limitée à 50 000 caractères (espaces, résumés bibliographie et notes comprises).
• Être envoyés aux adresses suivantes :
catherine.allamelraffin@unistra.fr,
sdupouy@unistra.fr,
gangloff@unistra.fr .
Format de l'article, voir les instructions aux auteurs http://philosophiascientiae.revues.org/452

Bibliographie :
Franklin Allan, The Neglect of Experiment, Cambridge University Press, 1986
Franklin Allan, Experiment Right or Wrong, Cambridge University Press, 1990
Franklin Allan, “Experiment in Physics”, Stanford Encyclopedia of Philosophy, consulté le 21 janvier 2015
Hacking Ian, Concevoir et expérimenter, Paris, Christian Bourgois, 1989 (Representing and Intervening, Cambridge, Cambridge University Press, 1983)
Kuhn S. Thomas, La Structure des revolutions scientifiques, 1972 (The Structure of Scientific Revolutions, Chicago, University of Chicago Press)