"La voix des témoins" : poser des mots sur l'indicible contre la haine et l'intolérance



"Ils parlent pour les 6 millions qui ont été assassinés. Écoutons-les"
Ne jamais oublier. Transmettre pour prévenir.
75 ans après l'ouverture des camps d'extermination, l'Exposition temporaire est déclinée en 3 volets :
La voix des témoins, les déportés Juifs de France rescapés de la Shoah, De la découverte des camps au retour des déportés


De la difficulté de raconter l'indicible et d'écrire l'Histoire

Il y a 75 ans, le 27 janvier 1945, en repoussant la Wermacht à l'ouest de Cracovie, l'armée soviétique découvre ce qui est à la fois un camp de concentration, de travail forcé et un camp d'extermination : Auschwitz-Birkeneau et ses 7 000 survivants, hagards, meurtris, malades, affamés, silencieux...

Le camp est prévu pour 100 000 prisonniers. Birkeneau est une extension d'extermination immédiate. Les quatre premières chambres à gaz construites en 1942 peuvent contenir chacune 2000 victimes. La "Solution finale" ; l'extermination totale par gazage, fusillade et d'autres moyens, est la dernière étape du génocide.
Des milliers de personnes sont sélectionnées pour servir à des expériences médicales.

Entre mai et juillet 1944, 438 000 juifs y sont déportés.

Entre 1,1 et 1,5 million de femmes, d'enfants et d'hommes  y furent déportés et tués. Ils sont très majoritairement juifs, mais aussi Tsiganes, Polonais, prisonniers de guerre russes...

Des survivants ou des libérateurs il n'y a là pas de héros. Les paroles mettront du temps à être libérées et à être écoutées, nous écrivons encore cette histoire.
 

« Ecouter un témoin, c’est le devenir à son tour », Elie Wiesel

Le Mémorial de la Shoah propose de revenir sur la construction de la figure publique du témoin.

Depuis les manuscrits clandestins enfouis à Birkeneau par les membres des Sonderkommandos, des détenus juifs contraints d'extraire les cadavres des chambres à gaz, de les brûler et de disperser leurs cendres.

L'exposition consacrée est composée des mots écrits ou sonores de ceux qui attestent, qui certifient et qui transmettent. C'est aussi les voix des historiens, des intellectuels et des analystes. 

L'exposition est un lieu de réflexion pour chacun autour des traces visuelles et sonores, parmi lesquelles se font entendre celles de Primo Levi, Simone Veil, Marceline Loridan-Ivens, Elie Wiesel, Imre Kertesz, Aharon Appelfeld et Samuel Pisar.

La mémoire n'est pas facile à transmettre quand les témoins ne peuvent pas parler, quand la société n'est pas prête à les écouter. L'Histoire s'écrit avec difficultés.
Mais quand la mémoire et l'histoire se composent, elles mettent en échec la suppression totale qui a été commandée.



 

"Contre toute forme de haine et d'intolérance"

"75 ans après la Shoah, le Mémorial a voulu donner la parole aux rescapés plus que jamais engagés dans la transmission et le combat contre toute forme de haine et d’intolérance", Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah.

Sept témoins rescapés ; Elie Buzyn , Francine Christophe , Frania Haverland, Yvette Lévy , Victor Pérahia , Daniel Urbejtel et Julia Wallach, délivrent un message de mémoire et de vigilance, "Ce que je veux transmettre".


Expositions et ressources

Expositions temporaires du 26 janvier 2020 au 3 janvier 2021, Mémorial de la Shoah, Paris, Drancy.
Programme complets des expositions en Entrée libre à Paris et à Drancy à retrouver sur le site du Mémorial

La voix des témoins, Mémorial de Paris
Les déportés Juifs de France rescapés de la Shoah, Mémorial de Paris
De la découverte des camps au retour des déportés, Mémorial de Drancy

Pour aller plus loin et parcourir d'autres ressources : http://expo-voix-des-temoins.memorialdelashoah.org/







 

Extrait de la déclaration de la Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azouley qui cite Primo Levi

 
"Beaucoup d'entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée consciente ou inconsciente, que "l'étranger, c'est l'ennemi". Le plus souvent, cette conviction sommeille dans les esprits, comme une infection latente : elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeur d'un syllogisme, alors, au bout de la chaîne logique, il y a le Lager ; c'est à dire le produit d'une conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une cohérence rigoureuse ; tant que la conception a cours, les conséquences nous menacent. Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme.".

Primo LeviSi c'est un homme

 

"La haine d'aujourd'hui est comme celle d'hier, on peut et on doit lui résister"*


Le 27 janvier est la journée de la mémoire des génocides et de prévention des crimes contre l'humanité pour la France et l'Allemagne. L'enseignement, les recherches, les arts participent à ce devoir de mémoire et de prévention. 

(*) Mots d'Audrey Azouley, UNESCO, 23 janvier 2020.



Cet article a été déplacé de la section des reportages à la nouvelle rubrique des Newsletters, nous avons voulu qu'il soit et qu'il reste en accès gratuit sur Anthropoweb.



Pour citer cet article : Sophie Haberbüsch-Sueur : ""La voix des témoins" : poser des mots sur l'indicible contre la haine et l'intolérance​", 13 février 2020, https://www.anthropoweb.com/La-voix-des-temoins-poser-des-mots-sur-l-indicible-contre-la-haine-et-l-intolerance_a987.html, ISSN : 2114-821X, Le Portail des sciences humaines, www.anthropoweb.com    .

Mercredi 12 Février 2020
Anthropoweb