Cuirs et peaux dans les sociétés humaines. Techniques de transformation, fonctionnalités, représentations et symbolismes
Infos pratiques
le Vendredi 16 Avril 2021
35470 paris
Description
Cuirs et peaux dans les sociétés humaines. Techniques de transformation, fonctionnalités, représentations et symbolismes
dossier thématique du numéro coordonné par F. Wassouni

La peau est un organe important et imposant des être vivants. Qu’elle soit recouverte de poils, de fourrures, d’écailles, de plumes, etc., elle constitue, ipso facto, une interface vivante avec le monde extérieur. Qu’en est-il lorsqu’elle est isolée de son « porteur » et utilisée à d’autres fins ? Les peaux travaillées sont l’objet de gestes particuliers, voire de rituels. Elles peuvent recouvrir des activités professionnelles ad hoc (bottiers, chausseurs, cordonniers, écorcheurs, nettoyeurs, relieurs, selliers, taxidermistes, etc.), des artisanats ou des industries (ébénisterie, gainerie, malletterie, mégisserie, tannerie, etc.). Les privilèges octroyés à des relieurs par exemple dans la royauté française soulignent l’importance de ces activités à des périodes données. Les cuirs deviennent les éléments constitutifs, tout ou partie, de vêtements, de chaussures, d’instruments de musique (djembé, tambourin, mais aussi cornemuse, etc.), d’autres éléments utiles ou décoratifs (sacs, sangles, ceintures).

« La peau est née de la nature. Elle n’est pourtant rien sans l’homme qui la soigne, la transforme, la réhabilite afin qu’elle devienne un cuir somptueux et vivant. Sa naturalité et sa noblesse font d’elle une matière à forte valeur ajoutée »
https://conseilnationalducuir.org/histoire-du-cuir

Cette affirmation, au-delà de la mention de la valeur qui entoure les peaux et cuirs, relève le rôle que jouent les hommes dans l’élaboration et la valorisation de ces matériaux. Et à travers l’histoire, les êtres humains ont justement développé des savoirs et des savoir-faire pour faire du cuir un produit aux fonctionnalités multiples. C’est ainsi que dans nombre de sociétés, des mécanismes de transformation des peaux en cuirs et des cuirs en des produits variés ont existé, témoignage non seulement des intelligences développées autour de ces matériaux, mais aussi et surtout de leurs fonctionnalités. De l’Antiquité aux Temps Contemporains en passant par le Moyen Age et les Temps Modernes, les peaux et cuirs ont occupé une place de choix dans plusieurs domaines. S’ils sont devenus des produits de luxe des sociétés contemporaines et grandement industrialisés, il n’en demeure pas moins vrai que les usages artisanaux et rituels subsistent et leur confèrent une dimension très spécifique. Peaux et cuirs d’animaux sauvages et domestiques sont entourés de représentations et des symbolismes qui varient en fonction des contextes socioculturels. Si dans les sociétés industrialisées les choses ont considérablement évolué, il n’en est pas le cas pour les parties du monde encore ancrées dans les traditions. Les cuirs et peaux y sont alors travaillées selon les méthodes anciennes avec la fabrication d’une variété de produits originaux et aux fonctionnalités très spéficiques. Ces produits occupent une place de choix dans les pratiques culturelles et dans l’économie du tourisme des zones de production. Ce projet de publication veut justement susciter des analyses qui permettent d’explorer ces différents aspects des peaux et cuirs à travers l’histoire. En fonction des contextes et des sociétés, les auteur.e.s sont invité.e.s à rendre compte de tel ou tel aspect des peaux et cuirs, qu’il s’agisse de la transformation des peaux en cuirs ou des cuirs en objets divers, des représentations et des symbolismes qui entourent ces matériaux et leurs produits qui en dérivent. À travers la thématique de ce numéro, nous souhaitons attirer également l’attention sur les diverses actions sur et avec la peau de la variété des animaux qui sont élevés ou chassés dans ce but (ovins, porcins, équidés, pécaris, autruches, crocodiles, lézards, serpents ou poissons cartilagineux). L’attention pourrait être portée par exemple sur des matériaux ou techniques qui portent le nom de leur « inventeur » tel le galuchat (Jean-Claude Galluchat, ce maître gainier parisien du XVIIIème siècle apprécié de Madame de Pompadour) ou sur des lieux qui s’en étaient fait une spécialité (telle Cordoue en Espagne et les appellations « cordonnier » ou « cordovan » même si cette étymologie est discutée). Il s’agira de mieux comprendre comment ces transformations, ces traitements, peuvent mobiliser des personnes, des groupes sociaux particuliers.
Fidèle à notre projet éditorial nous souhaitons croiser les approches dans une perspective interdisciplinaire (sciences fondamentales et humaines) : anthropologie, archéologie, biologie, chimie, ethnologie, histoire, sociologie, toxicologie, etc. Avec ces approches multiples, ce numéro spécial vise à comprendre les transformations multiples de la peau morte.

CALENDRIER
Propositions de contributions attendues de septembre 2020 à avril 2021
Date butoir de remise des articles : 16 avril 2021
La publication du numéro est prévue pour l’hiver 2021