Faintly falling

Ralf Marsault



À l’occasion de l’exposition Ralf Marsault – Berlin Years on the Wagenburg, présentée jusqu’au 24 janvier 2021 au FHXB Museum de Berlin dans le cadre du Mois de la Photographie 2020 (EMOP), les éditions Distanz Verlag Berlin publient faintly falling, ce que Ralf Marsault appelle un atlas d’images. 30 ans après le très remarqué Fin de siècle, Ralf Marsault revient avec ce nouvel album de photographies, préfacé par Élisabeth Lebovici, historienne, journaliste et critique d’art.
« Un rapport sans cesse ambigu entre le trouvé et le fabriqué se tisse dans les choses comme dans les êtres, toujours en (re)composition. (…) Avec Ralf Marsault, les choses exposent leur matérialisme troublant. Celui-ci affleure. » Élisabeth Lebovici, « Les fleurs de peau », préface de faintly falling

Si les portraits de Fin de siècle ont parfois été appréhendés comme s’inscrivant dans le sillage de la photographie humaniste, cette dernière livraison dévoile une approche plus complexe. A travers le portrait d’une bohème alternative née dans le Berlin-Ouest des années 1980, Ralf Marsault requestionne son sujet de prédilection : les phénomènes de marginalisation sociale, leurs paradoxes et ambigüités. Les êtres qu’il a découverts, et avec lesquels il a fi ni par vivre durant une dizaine d’années, vivent sur ces campements que l’on appelle Wagenburgen. Elles/ils les fréquentent et les traversent, chacun.e à la recherche d’une vie plus autonome, moins docile et utile à défaut d’être totalement alternative, mais cherchant les formes d’un empowerment et l’affi rmation de leur statut de sujet politique. Pour ce faire, les concerné.es construisent eux-mêmes ces systèmes de signes sibyllins, que ce soit dans leurs modifi cations corporelles (marquages tégumentaires), le choix de leurs vêtements, leurs usages culturels et rituels quotidiens, voire les lignes d’erres qui défi nissent leurs lieux de vie. Cet ouvrage cherche à nous rendre sensible les dimensions invisibles de l’expérience que vivent ces femmes et ces hommes pour nous aider à les comprendre. Ralf Marsault revendique ainsi une méthodologie d’anthropologie visuelle construisant une fi ction du réel. En cela, il cherche à se jouer des travers de l’identité pour ouvrir, chez chacun.e, la perspective d’une vision multiple et non réductrice leur évitant le piège de l’essentialisation. À partir de restes glanés, au hasard des jours sur la Wagenburg, Ralf Marsault fabrique aussi des objets/sculptures, semblables aux assemblages de Joan Miró, qu’il confronte à l’existence éphémère du végétal, à une « culture » désacralisée des fl eurs. Toutes ces combines, au sens plasticien du terme, apparaissent alors comme autant de voix off d’un chœur antique, les territoires-refuges d’une enluminure qui sauvegarde, ou commente en marge, la dynamique des transgressions. Elles nous disent qu’un autre monde est possible, voire déjà latent : ses murmures et ses plaintes, encore inaudibles peut-être, ses non-dits et cris qui s’accumulent en silence, hantent le travail de Ralf Marsault, et elles/ils en attestent la pertinence, la potentialité.

Extrait du CP de Pierre Laporte Communication en pj.

Expositions

Ralf Marsault – Berlin Years on the Wagenburg au FHXB Museum de Berlin du 16 octobre 2020 au 24 janvier 2021

Dans le cadre du Mois européen de la Photographie 2020 (EMOP) Dans les années 1980, Berlin-Ouest est devenu l’épicentre d’expériences sociales en rébellion contre les modes de vie bourgeois. Des jeunes gens, venus du monde entier, s’installèrent dans les Wagenburgen - des colonies de caravanes occupant des friches. C’est dans cette Tour de Babel contemporaine que Ralf Marsault s’imprègne de nouvelles manières de vivre, leur diversité culturelle et linguistique, la scène musicale alternative. Il y poursuivra la série de portraits de jeunes anarchistes, travellers et punks qu’il avait commencée à Paris et à Londres. Marsault ne cherche pas à réduire les personnes qu’il représente à leur apparence, mais plutôt à leur ouvrir des espaces pour les mettre en scène dans une sorte de récit visuel. Les images de Berlin élargissent le champ de celles faites à Paris et Londres, en offrant une vision atemporelle et atypique sur les choix d’une vie en rupture de société. L’exposition présente une sélection de 30 portraits et vues des colonies de caravanes berlinoises.
Commissaire : Héléna Bastais https://www.emop-berlin.eu/en/exhibitions/exhibition/ralf-marsault-berlin-years-on-the-wagenburg/

« Soi, comme un autre » Musée Hèbre de Saint-Clément, Rochefort – été 2021

Ralf Marsault présentera un ensemble important de photographies, des objets, dans cette exposition sur le thème de la mise en scène de soi et la dissémination de l’identité. Son travail dialoguera aussi avec les collections ethnographiques du musée, celles du fond Pierre Loti. Il introduira son travail plasticien sur ces « vies aventureuses » (Bewegtes Leben), qui questionnent la nature de la perception et les strates du réel, quand le memento mori « ...donne une dimension intemporelle à l’éphémère, garde trace de ce qui fut vivant. »
Héléna Bastais, historienne d’art et commissaire de l’exposition Ouverture prévue fin mai / début juin 2021

Vendredi 18 Décembre 2020