La flûte des origines. Un soufi d'Istanbul

Kudsi Erguner



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Au cours d entretiens avec Dominique Sewane, l auteur revient sur les épisodes décisifs de son adolescence à Istanbul, sur lesquelles il avait gardé le silence. Elles l ont amené sur la Voie soufie des Mevlevi ou « Derviches Tourneurs », suivie clandestinement par sa famille à l époque du « Renouveau » de la Turquie : bouleversement au son du Ney et à l audition de chants mystiques lors de concerts spirituels donnés au « tekke » (couvent soufi), et surtout, quand il s est mis à l écoute de son père hospitalisé à Londres, Soufi d une haute élévation de pensée. Le lecteur accompagne un jeune Soufi dans sa découverte d un prodigieux héritage spirituel. Il partage les craintes de l auteur quant à son devenir. « Si le soufisme est une barque, la religion est l océan » écrit Kudsi Erguner, rappelant que cette forme de spiritualité, née avec l islam, lui est inhérente. En Turquie autrefois, un Soufi suivait l enseignement d un cheikh dans un tekke. A l avènement de la République d Atatürk en 1922, toute forme d expression religieuse a été proscrite, les tekke fermés. Une série de décrets ont décidé en quelques jours de la réforme de l écriture, la musique, la mode vestimentaire. Les cérémonies soufies ont été interdites. De nos jours, bien que les décrets n aient pas été abrogés, de pseudo danseurs et musiciens soufis sont encouragés à s exhiber en public afin d attirer un tourisme de masse. L auteur constate un véritable « soufi boom » à l échelle mondiale, qui n a jamais compté autant de faux cheikhs se réclamant d une tradition dégradée. Si l on en croit son cri final, « le soufisme n est plus aujourd hui qu un nom, alors qu il était une vérité sans nom ». Il s est donc donné pour mission de transmettre dans sa vérité l héritage reçu dans sa jeunesse. Célèbre internationalement, il enseigne la musique savante ottomane dans plusieurs pays, notamment à Venise, où il a créé l ensemble Bîrûn) et à l université de Rotterdam. Il a traduit une grande partie de l uvre inédite de Rûmi.

Lundi 25 Novembre 2013



1.Posté par Dominique SEWANE le 24/07/2018 14:07 | Alerter
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Pierre Aubé « Affiches de Normandie » 18 décembre 2013

L’histoire au présent – Etudes d’histoire religieuse

Un soufi d'Istanbul est le fruit de plusieurs années d'entretiens du grand musicien Kudsi Erguner avec Dominique Sewane, anthropologue des religions dont l'étude sur les pratiques funéraires des Batãmmariba du Togo avait fait sensation. Cet ouvrage à entrées multiples est, d'abord, le récit poignant d'un éveil de la foi dans un monde paradoxalement hostile. Lorsque Kudsi Erguner voit le jour, dans une famille profondément croyante où l'on joue du Ney – cette flûte de roseau venue de la nuit des temps – depuis des générations, la Turquie kémaliste est engagée depuis des lustres dans une laïcisation profonde. La piété s'est réfugiée dans la clandestinité du tekke, un centre de derviches où les soufis pouvaient se retrouver et chanter, parfois jusqu'au matin le sama de la confrérie Mevlevî. Le choc spirituel qu'éprouve l'enfant est profond…. Au contact d'hommes de Dieu exceptionnels, l'essor spirituel de Kudsi accompagnera ses progrès dans l'art du Ney que lui enseigne son père, dans lequel il excelle bientôt avant d'en faire profiter des auditoires du nombre entier. Cet apprentissage n'est pas innocent. Cheikh Mithat Baharî soulignait que le Ney évoquait le monde des origines, et la douleur pour un être humain d'en être séparé ». Il est au coeur de la danse des derviches tourneurs, qui pouvaient improviser de manière spontanée dès lors que devient prégnante la sensibilité au reflet de la Lumière divine…. Le soufisme n'est en rien la recherche d'un Dieu perdu, mais l'ivresse joyeuse de la certitude et l'impatience de l'homme, attaché à une existence illusoire, de ne pouvoir se fondre en Lui. Là est le coeur de cet ouvrage exceptionnel… Des réflexions sur le père et sur une vie hors du commun, sur l'évolution de la Turquie moderne, de lentes promenades dans Istanbul ou à Konya, sur la tombe de Rûmî, et de copieuses annexes sur la musique ottomane et les instrumen...

2.Posté par Dominique SEWANE le 24/07/2018 14:08 | Alerter
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Marie-Odile Delacour 9 décembre 2013 SaphirNews

Cette rencontre entre Dominique Sewane, une anthropologue spécialiste de l’Afrique, et Kudsi Erguner, joueur de ney héritier d’une tradition ottomane, était improbable. Elle donne pourtant en cet automne, après cinq années d’entretiens et de pointilleuse écriture, un beau témoignage sur le chemin d’un enfant turc, Kudsi Erguner, élevé à Istanbul selon une tradition réprouvée par le nouvel ordre laïc dans les années 1950 et 1960 et devenu transmetteur de la tradition soufie.

L’ouvrage La Flûte des origines, un soufi d’Istanbul*, à l’édition soignée (cartes, dessins, calligraphies, photos, documents personnels…), offre ainsi au lecteur une plongée dans ce que la civilisation musulmane a pu offrir de plus bouleversant au monde : le sens profond de la transmission de la Tradition. Grâce à sa profonde compréhension de la musique, le père de Kudsi Erguner, lui-même grand joueur de ney et initiateur de son fils, lui apprend qu’il « faut être la musique » pour devenir vraiment musicien, c’est-à-dire avoir trouvé en soi l’harmonie subtile entre son souffle et ses actes.

Ce qui est vrai pour la musique l’est pour tous les aspects de la vie. La notion d’unité, si présente en islam, n’est-elle pas aussi l’harmonie entre ses paroles et ses actes ?

Témoignage d’une relation exceptionnelle entre le père, qui tente à sa manière de préserver l’héritage de sa lignée malgré le traumatisme de la « laïcisation », et le fils, mu par une soif spirituelle en contradiction avec l’évolution de la société stambouliote. Kudsi Erguner s’inscrit dans la tradition de la confrérie Mevlevi, fondée au XIIIe siècle par Sultan Valad, fils de Rûmî, et connue aujourd’hui comme la confrérie des derviches tourneurs.

Kudsi Erguner, en se confiant à l’anthropologue, nous fait le cadeau de nous introduire dans l’intimité d’une famille, la sienne, qui fréquente clandestinement le tekke(zaouïa) où se réunissent, au risque de leur vie parfois, les disciples héri...

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